Lait aux amandes

Vous connaissez tous le lait d’amandes. On le trouve désormais partout et il sert à beaucoup de préparations culinaires sucrées ou salées. Il est digeste et très revigorant par ces temps hivernaux. Mais connaissez-vous le lait chaud aux amandes ? Celui que ma mère préparait était tout simplement inoubliable.
À Madagascar, à certaines périodes, il y avait des cérémonies religieuses pour honorer tel ou tel prophète. Les femmes de ma communauté se réunissaient alors à la mosquée ou chez l’une d’elles, les après-midi. Certaines chantaient des cantiques que nous écoutions avec dévotion. Une collation était ensuite servie aux invitées pour les remercier d’être venues. C’était souvent une boisson, du thé, du café, ou du falooda. Et puis il y avait le lait aux amandes. Quand c’était le tour de ma mère, elle en préparait toujours. Je n’ai retrouvé ce goût nulle part. À Paris, les gens cherchent plutôt la facilité. Cela se comprend car nous n’avons pas de domestiques pour nous aider comme à Madagascar. Et c’est tout un combat pour les femmes pour se rendre à l’endroit où se déroule la cérémonie.


Pour en revenir au lait aux amandes de ma mère, je ne sais pas ce qui le rendait si exceptionnel. Était-ce le lait cru auquel elle ajoutait du lait concentré non sucré pour l’épaissir ? Ce qui lui donnait une jolie couleur crème. Elle le touillait – ou plutôt son aide-cuisinière le touillait – sans cesse pour qu’il ne colle pas au fond de la marmite, car cela lui aurait donné un goût de brûlé. Elle mettait aussi les amandes par larges poignées, une fois le lait tiédi. A l’époque les amandes étaient une denrée précieuse. Les personnes qui voyageaient en rapportaient mais c’était toujours à prix d’or. Mais cela n’avait pas d’importance pour ma mère qui voulait que tout soit parfait quand elle recevait.
Cependant, je ne suis pas sûre que les ingrédients soient la seule raison pour laquelle le lait aux amandes de ma mère était si particulier à mes yeux. À ma deuxième grossesse, j’ai eu une envie de lait aux amandes. J’en devenais malade. Ma sœur, à qui j’en avais parlé, m’en avait préparé. Mais ce n’était pas le lait de ma mère. Mon souhait, aujourd’hui, c’est d’organiser un jour une cérémonie chez moi et d’offrir ce fameux lait aux amandes à mes convives. Les anciens de Tamatave qui me lisent s’en souviendront certainement, j’aimerais d’ailleurs avoir leurs commentaires. J’espère réussir à le concocter comme elle. Ce sera sans doute plus facile avec tous les ingrédients qui sont désormais à notre disposition : crème liquide, crème fleurette etc