Pâte à tartiner maison au jaggery (ghor)

Vous connaissez tous les pâtes à tartiner. Il y en a de toutes sortes dans le commerce. Je ne vous cite pas la plus connue. Mais, une fois, faites leur goûter ma recette. Elle est à base de ghor (jaggery) mais, croyez-moi, elle vaut largement les Nutella et autres. Elle est très nourrissante et énergétique. Le ghor étant un produit chauffant, c’est l’idéal en hiver.
Chez nous, le ghor est une tradition. Il nous accompagne dès la naissance : on en glisse une pincée dans la bouche du nouveau-né en signe de bienvenue. Ils le lèchent avec plaisir et certains pleurent même pour en avoir à nouveau. Il est aussi excellent pour les accouchées. Il les réchauffent et leur donne des forces. C’est d’ailleurs avec du ghor ou jaggery que l’on sucre leur thé les premiers jours. Cela favorise la montée de lait. Il y a d’ailleurs une boisson appelée raab (elle est sur mon blog) que l’on prépare à cette occasion. Elles ont aussi droit à un dessert, le Lapsi qui est préparé avec de la farine de blé qu’on fait roussir dans du ghee (beurre clarifié) et de l’eau où l'on a fait tremper du ghor. Elles en consomment en grande quantité après l’accouchement. Et, comme on n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, elles ont aussi droit à une douceur, le sounth toujours au jaggery. Ce sont de petits gâteaux à base de farine de blé, jaggery épicés au gingembre et à l’anis. Une tuerie.
Le ghor nous accompagne aussi dans la vie quotidienne : on peut l’utiliser dans des achards dans certains plats sucrés, parfois même dans certains curries de légumes. Il a une multitude d’usages.
Il y a aussi une tradition, chez nous, de préparer un repas spécial pour les femmes : il s’agit du Sitabi dédié à Ma Fatema, l’épouse du prophète Ali et mère de Hussein. C’est un peu notre sainte mère à nous. Ce repas est souvent organisé pour les jeunes filles en passe de se marier et pour les femmes qui attendent leur premier enfant. Le rotli et ghor, qui viennent du temps de Ma Fatema, constituent LE mets incontournable de ce repas. En consommer alors est une forme de bénédiction, comme l’hostie pour les chrétiens. Ce jour-là, si on a un malade chez soi, il est de coutume d’emporter un petit morceau pour que la bénédiction s’étende jusqu’à lui.
Et pour finir, il nous accompagne dans la mort puisqu’il est dans notre tradition, après des funérailles, d’offrir aux personnes présentes un rotli tartiné d’une préparation au jaggery comme repas du défunt.
C’est d’ailleurs deux méthodes de préparation que je vais vous livrer la recette aujourd’hui. Vous pourrez la déguster avec des rotlis (c’est juste délicieux) ou la tartiner sur des crêpes, des pancakes ou des tranches de pains. Elle peut aussi servir de base pour préparer du raab en hiver (idéale pour les coups de froid).